« Il était une fois il y a très longtemps, dans un royaume lointain… »« Du dynamisme j’ai dit, du dy-na-mi-sme !!! On se croirait dans un mélodrame de bas étage.
»« Mais nous sommes dans…
»« Silence malotru ! Si la dame nous entend, qui sait quelle punition nous encourrons encore. Laisse-moi te montrer comment les grandes personnes racontent une histoire. En premier lieu, commençons par le début.
»« Mais vous aviez dit, de l’originalité. Ce n'est pas original de commencer par le début…
»« Silence j’ai dit ! Pas ce début-là voyons, l’autre.
»« L’autre ?! Mais…
»« Raaaah ! Et puis chut. Tais-toi donc, et observes ton maître.
»« Il y a fort, fort longtemps ; il n’existait nul silence autours du magique et de l’irréel. Lenidora Valez était une sorcière talentueuse, hautement reconnue parmi ses consœurs. Avec certaines d’entre elle, elle participera même à la mise en place d’une barrière magique pour séparer le Royaume du bout de l’océan avec Féerie ; même nous n’y sommes pas encore. Elle était puissante, et très belle. Non, plus que cela, magnifique. Lenidora était en effet l’antithèse de la sorcière des contes racontés aux jeunes enfants aujourd’hui pour les effrayer. C’est pour cela que Dastan Bragan, petit nobliau de seconde envergure, ne résista pas à son charme. Car de toute manière, personne ne résiste aux sorcières. Lorsqu’elles sont décidées, rien ne peut les stopper, pas même la mort.
Par la force des choses, les deux amants commencèrent à se fréquenter dans l’ombre. Il n’était pas très bien vu qu’un noble pactise avec une sorcière ; aussi pour servir ses intérêts, Lenidora confectionna une potion afin de tomber enceinte. Et ce qui devait arriver arriva : obligé de reconnaître l’enfant, Dastan épousa sa bien aimée. C’est ainsi qu’au lieu de retourner vivre chez elle, dans un lieu qu’aucun de nous oh simple mortels ne connaissons, Lenidora conquit le cœur de ce naïf damoiseau et s’intégra à la cour royale. Ne vous imaginez pas une douce sorcière tombée soudainement amoureuse d’un humain : Lenidora avait surtout soif de puissance, et maligne comme elle l’était, elle avait trouvé là l’occasion en or pour se rapprocher des hautes sphères…
Lenidora était, comme la plupart des sorcières, dotée d’un charisme rare, charisme qui lui permit rapidement de se crée une place plus qu’honorable dans cette cour ou ruses et trahisons étaient les mots d’ordres. Mais qui mieux que cette sorcière maîtrisait la machination ? Allez savoir. Bientôt, le nom de Lenidora fut connu de tous, et c’est ainsi que la sorcière réussit à vivre, sans dépenser le moindre sous, aux crochets d’autrui. Personne ne savait ce qui se passait dans l’esprit tordu de la sorcière, à vrai dire nombreux succombaient à son charme vicieux sans se poser de questions. Mais pour avoir renoncer à sa liberté si chère à son cœur… Que cachait-elle donc ?
Et puis, 9 mois plus tard, comme le veut la tradition sorcière, Lenidora se rendit seule dans les profondeurs de la forêt pour accomplir un rituel mystérieux au bout duquel naquit Moïra. Ou plus exactement, Moïra Bragan, future sorcière de son état.
Moïra fut donc baptisée par sa mère ; et son pauvre père n’eut d’autre choix que d’accepter. Il s’était enfin rendu compte qu’à partir du moment où il avait cédé à Lenidora, il avait perdu tout contrôle sur sa vie. Ce n’était qu’un pantin désarticulé pris dans les filets de son épouse. Mais il était bien trop tard pour se réveiller, la machination était en route : il n’était qu’une ombre alors qu’elle était devenue le phare de la cour de Féerie. Et la sorcière n’avait pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin.
Moïra vécut une enfance plutôt étrange : selon ses envies, sa fantasque mère l’emmenait dans la forêt pour lui apprendre tout ce qu’il fallait savoir pour être une "bonne" sorcière. Son enseignement était strict mais efficace, et les porgrès de l'enfants étaient fulgurants. A d’autres moments, elle la délaissait totalement aux bons soins de préceptrices qui lui apprenaient les manières de la cour et l’éduquaient pour en faire une parfaite "damoiselle". Mais au grand dam de celles-ci, Moïra n’était pas ce qu’on pouvait appeler une élève modèle, bien au contraire. Il semblait que la petite Bragan avait un goût prononcé pour les fugues nocturnes dans la forêt et les expériences magiques à n’en plus finir. Mais étant une enfant, et surtout la fille d’une grande sorcière, les nobliaux se gardaient bien de trop la réprimander de peur des conséquences. Ils se taisaient, même s’ils n’en pensaient pas moins : elle était un sérieux problème et n’avait pas sa place à la cour. De toujours donc, Moïra agit à sa guise sans qu’on ose s’opposer à elle, et démontra très jeune des prédispositions similaires à celle de sa mère pour obtenir ce qu’elle voulait.
Trop jeune pour s’en souvenir avec netteté, Moïra ne posa aucune question lorsqu’il fut interdit de parler du pays du bout du monde. A vrai dire aujourd’hui, elle ne se souvient que des histoires imaginaires que lui racontait sa mère et Nathaniel au sujet d’un pays lointain et de ses richesses infinies. Ce n’est pour elle qu’un conte parmi tant d’autre. Sauf que… Sauf que sa mère participa à la mise en place d’un sort d’une puissance inouïe à cette époque, un mur magique... Mais la petite ne prit jamais le temps de se demander pourquoi…
Alors que Moïra était âgée de onze ans, et qu’elle commençait d’ors et déjà à posséder des dons impressionnants en sorcellerie ; un messager du roi vint leur faire une proposition alléchante : si Lenidora acceptait de servir la famille royale et de s’occuper de sa protection, il lui serait accordé tout ce qu'elle souhaitait : titre honorifique, demeures gigantesques... Lenidora sembla étrangement satisfaire par cela, et elle accepta, à la condition que Moïra soit aussi formée pour reprendre son rôle lorsqu’il serait temps. Ses conditions acceptées, mère et fille se rapprochèrent d’autant plus de ce qui semblait tant attirer Lenidora…
En effet, la vérité était que la sorcière n’agissait pas au hasard. Autrefois fervente fidèle d’Edgar, elle l’avait toujours soutenu dans ses décisions. Mais depuis quelques années… Justement depuis qu’il était roi, elle regrettait son choix. Lenidora n’appréciait pas sa façon de gouverner ; il avait promis plus jamais de misère, de souffrance ou de guerre : et il avait tenu sa promesse. Trop bien… Plusieurs de ses consœurs et amies avaient disparues mystérieusement; mais Lenidora n’était pas n’importe quelle sorcière, elle trouvait ça louche et se posait des questions. Ses dons de prescience lui faisaient douter de son seigneur, et servant ses intérêts et ceux de son peuple avant tout elle décida d’une chose : se débarrasser de la famille royale. Quoi de mieux pour cela que de gagner leur confiance puis de leur planter un couteau dans le dos… ? De plus elle n’avait jamais accepté les mesures drastiques du roi imposant le silence sur la guerre survenue dix-neuf ans plus tôt. Il était temps de changer.
Moïra vécut très jeune dans l’esprit qu’Edgar devait périr. Lenidora fit en sorte que sa fille suive la même idéologie qu’elle, en la convainquant peu à peu qu’il n’était plus temps pour lui d’être sur le trône, qu’il fallait le haïr autant qu’elle détestait la cour. Car Moïra n’était pas heureuse dans ce lieu de déboires et d’hypocrisie.
Mais un beau jour, tout changea, si on veut. Le conte de fée qui n’en était déjà pas un devint un cauchemar. On ne pouvait pas dire que cette vie convenait à Moïra, au contraire, elle détestait la cour et la superficialité de ceux qu’elle croisait là-bas. Elle aurait voulu d’une vie plus simple, ou elle serait seule avec sa mère dans leur abri au cœur de la forêt, avec la magie et rien d’autre. Mais ce n’était malheureusement pas possible tant que le roi était vivant, ce qui n’était qu’une raison de plus pour qu’elle le haïsse. Heureusement, la jeune fille, âgée maintenant de treize ans, était bonne comédienne, et ne laissait rien paraître de ses véritables intentions, même si elle fuyait toujours autant ses responsabilités. Donc, à cette époque-là, elle possédait déjà un esprit quelque peu instable, et un évènement qui prit une tournure catastrophique la fit totalement changer de bord…
Lenidora décida qu’il était enfin temps de mettre ses plans à exécution, qu’elle n’avait que trop attendu, et elle tenta de tuer le roi. Confiante en sa magie qui ne lui avait jamais fait défaut, elle laissa sa fille sans consigne particulière… et ne revint jamais. Car il n’y aurait pas d’histoire si la sorcière avait réussi. Edgar ne fut pas tué, mais Lenidora, elle, disparut. C’était comme si elle n’avait jamais exister : on interdit à Moïra d’en parler, en lui disant que sa mère l’avait abandonné pour partir pour un très long voyage. Mais Moïra n’était pas dupe, elle se doutait que c’était un mensonge mais n’était pas assez stupide pour révéler ce qu’elle savait, alors pour l’honneur de sa mère, alors elle se promit qu’un jour elle la retrouverait et qu’en attendant elle continuerait la tâche qui lui avait été confiée. Sauf qu’elle ne savait pas que Lenidora avait été emprisonnée dans une île d’où personne ne ressort jamais...
Les années passèrent, et la petite Moïra grandit pour devenir une belle jeune femme respectée, en totale opposition avec la gamine perturbatrice d’autrefois. En effet à la « disparition » de sa mère elle dut prendre au sérieux son rôle à la cour et se préparer à protéger la famille royale ; puisque c’était pour ça qu’elle était là (et encore vivante, ils pensaient qu’une enfant serait plus malléable qu’une adulte). Sauf que Moïra n’avait qu’un désir : la vengeance. Rien d’autre ne comptait, si ce n’était de devenir plus puissante pour le jour prochain ou elle tuerait de ses mains l’origine de ses malheurs. Elle voulait lever le voile sur la vérité, et pour cela se faisait passer pour une gentille dame, ne vivant que pour protéger son souverain adoré... Foutaises. Les années étaient passées mais sa résolution n’avait pas diminuée.
Agée de vingt ans, Moïra profitait de ses rares instants libres à s’évader dans la forêt, hors de cette prison dorée dans laquelle elle était enfermée, jetant ses beaux autours pour des vêtements lui correspondant mieux. La sorcière avait complété sa formation toute seule, apprenant par elle-même ce qui lui manquait pour égaler et même surpasser sa mère. Son père était décédé depuis longtemps maintenant, mais cela ne faisait ni chaud ni froid à Moïra qui avait toujours trouvé cet homme pitoyable, ou du moins avait aussi suivit sa mère dans cette idée-là.
Et vint le moment d’un nouveau retournement de situation, radical cette fois. Depuis la disparition de sa mère, la santé mentale de Moïra s’était quelque peu... fragilisée, disons. Seule au monde, sans soutien ni personne pour la prendre en charge ; elle avait dû se débrouiller seule et s’improviser responsable alors que sa seule raison de vivre était de se débarrasser d’Edgar : elle n’avait jamais pensé autrement, et la patience n’était pas son fort… A vingt-quatre ans elle n’en pouvait plus d’attendre en faisant mine d’être un bon petit soldat.
Vint donc le point de non-retour. Peut-être Moïra perdit-elle la tête ce jour-là. Demandant une audience avec le roi, elle avait l’intention de le tuer pendant cet entretien. Malheureusement cela ne se passa pas comme prévu, et Edgar refusa de la recevoir ; comme si elle n’était pas assez importante pour cela. Grave erreur. Moïra laissa éclater la rage qui l’habitait depuis des années, perdant tout contrôle sur ses réactions et tuant tout ce qui se trouvait sur son passage. Ce fut un véritable massacre, beaucoup décédèrent sous sa magie dévastatrice sans qu’elle l’ait réellement souhaité : à vrai dire, elle ne se souvient pas exactement de ce qui s’est passé, toute la scène s’étant déroulés comme dans un brouillard assombri par la rancœur. Mais la sorcière ne regrette en rien, toutes ses victimes étaient déjà pourries jusqu’à la moelle de toute manière. N’est-ce pas ?
Problème, sa crise ne passa pas inaperçu et avant qu’elle ait pu atteindre les appartements royaux les soldats commencèrent à arriver en masse. Elle se savait assez puissante pour faire s’écrouler les murs sur eux mais une phrase lui revint à l’esprit : « La magie qui coule dans tes veines est un héritage sacré. Elle provient de la nature et de l’équilibre de ses forces. Tu ne dois pas en abuser, quoi qu’il advienne. Souviens-toi bien de cela. » Sa mère lui avait souvent répéter ceci. Moïra aurait pu facilement détruire ces vies… Mais en un dernier sursaut de lucidité et d’honneur elle stoppa le carnage pour s’enfuir : s'attaquer à plus faible pouvait être amusant, mais tuer sans raison n'était pas digne d'elle. Ses plans étaient tombés à l’eau… Mais elle n’abandonnerait pas. La roue du destin était en marche, le pécheur toujours expiait ses péchés ; et avec elle ce serait dans le sang et dans les larmes.
Cela fait peu de temps que ces évènements se sont passés, et Moïra est recherché dans tout le pays. Fuyant sur les routes, seulement accompagnée de son cheval, de sa magie et quelques armes, Moïra n’en est que plus décidée à accomplir sa vengeance. De plus le royaume connaît une période de trouble, et le pouvoir et l’autorité d’Edgar semblent compromis ; c’est le moment idéal pour trouver des alliés de choix. Cette éternelle solitaire se rend en effet compte qu’elle aurait eu plus de chance de réussit ce plan incertain avec des appuis… Qui viendront à elle de la façon la plus inattendue qui soit.
Pour ce qui est de la suite, je ne peux rien vous prédire, car elle est encore à écrire. Un peu d’encre, une plume et beaucoup de volonté seront nécessaires pour cela. Restez attentif, vous n’êtes pas arrivé au bout de vos surprises…
»« Et c’est ça une histoire "dynamique et originale", dites-vous ? J’ai bien cru m’endormir vingt fois tant la fin était longue à venir…
»« Comment cela, la fin ?! Je viens de dire que ce n’était pas fini, pauvre ignare ! Et je ne te permets pas de critiquer mon travail : c’est ça qu’un grand est capable de faire.
»« Un grand ? Vous voulez dire un vieux sénile qui se croit mieux que les autre parce qu’il sort des pavés sans fin –comme ça content ?-. Franchement, je suis déçu. Et je ne parle même pas des lecteurs qui doivent hésiter entre rire et pleurer. En plus vous ne vous êtes pas foulé, ce n’est même pas un texte inédit, vous avez juste repris l’ancien avec quelques "arrangements"… Pff.
»« Alors toi ! Tu vas voir ce que ça fait de critiquer son supérieur ! Tu vas vite fait redescendre dans les oubliettes mon petit… !
» *scène suivante censurée pour cause de violence qui risquerait de choquer les âmes sensible... s'il en reste! *FIN